Acculée la BCE va augmenter ses taux directeurs en juin

24 mai 2022
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

La semaine dernière, lors de l’anniversaire des 30 ans de la Banque centrale slovène, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a annoncé la fin des achats d’actifs (programme APP) en juin lors de la réunion du Conseil de la BCE le 9. Et, annonce supplémentaire, la BCE devrait procéder à une première hausse de taux le 21 juillet prochain. Celle-ci devrait être suivie par des hausses supplémentaires graduelles, la deuxième étant prévue en septembre. Dans l’hypothèse d’une hausse de 25 points de base à chaque fois, le taux de dépôt de la BCE reviendrait à 0% en septembre. Une troisième la ferait passer à 0.25% en décembre. Les pressions de plusieurs banques centrales « faucons » (allemande, néerlandaise, etc.) ont eu raison de l’attentisme et de la prudence de la BCE. En effet l’inflation a encore accéléré en avril dans la zone euro à 7.5% sur un an, quand son objectif est de 2%. Dans certains pays de la zone euro, la hausse des prix à la consommation dépasse désormais les 10%. La BCE se devait donc de réagir, notamment pour éviter une accélération de l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) et le développement d’une boucle salaire-prix. Mais, la banque centrale doit rester très prudente. En effet, la croissance européenne est en panne depuis le début de l’année en raison de la hausse des prix de l’énergie (dont l’origine est extérieure) et de la guerre en Ukraine qui perturbe les chaînes de production. Une hausse trop rapide des taux et un resserrement trop vigoureux de la politique monétaire pourraient pénaliser une croissance déjà à la peine. En particulier, les conséquences sur les ménages et sur le secteur de la construction pourraient être désastreuses si les taux des crédits immobiliers venaient à se redresser trop rapidement. La BCE est donc prise en étau entre l’inflation (sa mission première) et le risque de récession.

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