06 mai 2020 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Après plus de 6 semaines de confinement en Europe, les premières estimations des conséquences économiques de la crise sanitaire commencent à être connues. Le confinement a stoppé environ 35% de l’activité dans les pays de la zone euro, ce qui correspond à 3 points de PIB par mois. Dans l’hypothèse d’un confinement qui se terminerait au bout de 2 mois et d’une reprise graduelle de l’activité, l’impact serait donc entre 8 et 10 points de PIB, soit un repli de la croissance d’environ 8% pour 2020. Mais le rebond de l’activité pourrait être ralenti par les effets secondaires de la crise, comme par exemple la poursuite du blocage des frontières à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, pénalisant les exportations. La seule bonne nouvelle est que les ménages n’ont perdu que peu de pouvoir d’achat grâce aux amortisseurs sociaux. La consommation privée devrait donc redémarrer rapidement avec le déconfinement. En ce qui concerne les remontées des secteurs, on observe une très forte hétérogénéité. Ainsi, par exemple, les secteurs automobile et de la construction sont parmi les plus touchés avec un recul de 90% de leur production par rapport à la même période en 2019. A l’inverse, la chimie de spécialité réalise une forte hausse de son activité, ainsi que le commerce de détail alimentaire qui atteint des niveaux de croissance historiquement élevés à +35%. Le principal point de blocage actuel pour le redémarrage de l’activité, et qui est systématiquement pointé du doigt, est la désorganisation totale des transports intra européens suite, notamment, à la fermeture des frontières. Ainsi, les goulots d’étranglement dus aux problèmes de transport et d’approvisionnement en matières premières ont forcé le secteur de l’emballage à fermer presque toutes ses usines en France en dépit d’une forte hausse de la demande qui leur est adressée.