08 février 2022 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Selon un récent apport de la Banque mondiale, le risque souverain est en forte hausse dans les pays émergents. En effet, dans un contexte global de ralentissement de la croissance mondiale prévu cette année, plusieurs facteurs de risque se sont accumulés et font redouter un atterrissage brutal de ces économies. Le contexte global n’est déjà pas favorable avec une décélération anticipée de 1 point de la croissance du PIB en 2022 dans le monde à 4% environ. Dans les pays émergents, ce ralentissement sera plus marqué avec une baisse prévue de près de 2 points à 4.5%. La nette remontée de l’inflation est l’un des facteurs responsables de ce ralentissement. En effet, celle-ci est à son niveau le plus élevé depuis 11 ans et la hausse des prix ne concerne pas uniquement les prix alimentaires et de l’énergie, mais toutes les catégories de biens et de services. De ce fait, les politiques monétaires ont été durcies alors même que la reprise n’était pas complétement assurée. De plus, les annonces récentes d’un durcissement monétaire aux Etats-Unis, plus rapide que prévu, devraient accroître la dévaluation des devises émergentes et des flux de capitaux, accentuant encore la hausse des prix. Les pertes de pouvoir d’achat résultant de l’inflation affaiblissent la demande (et la croissance) et devraient précipiter 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté cette année. Enfin, une baisse des recettes fiscales est attendue ce qui devrait générer un endettement accru de ces pays dans un contexte de remontée des taux d’intérêt. Le fardeau de la dette et le ralentissement de la demande pourraient faire « dérailler » les pays les plus fragiles. Au total, les risques s’accumulent et un ralentissement plus prononcé des pays émergents est donc possible cette année.