Etats-Unis: la grande démission

25 février 2022
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Selon une note de recherche de Goldman Sachs, l’année dernière, plus de 38 millions d’Américains ont démissionné de leur travail. Rien qu’en novembre dernier, 4.5 millions d’employés ont quitté leur emploi. Si un taux de « rotation » élevé sur le marché du travail est normal aux Etats-Unis, les démissions ont atteint un niveau record en 2021 et constitue, selon les économistes de Goldman Sachs, un « risque à long terme » pour l’économie américaine. Que s’est-il passé depuis le début de la pandémie ? D’abord le taux de participation à l’emploi a baissé de 63.4%, avant la crise, à 61.9%, à la fin 2021, soit environ 3.6 millions d’emplois en moins. Ceci est expliqué par les départs à la retraite, les femmes qui n’ont pas repris un emploi après la pandémie et un phénomène nouveau « la grande démission ». Celle-ci se caractérise par des départs massifs qui sont concentrés principalement dans les emplois du secteur des services traditionnellement mal rémunérés. Environ 20% de ces départs concernent l’hôtellerie-restauration, 18% le commerce, 13% l’aide sociale et la santé et, enfin, 17% les autres activités du secteur des services. A noter que 40% de ces personnes ont démissionné sans avoir retrouvé un nouvel emploi. La Réserve fédérale d’Atlanta a mis en évidence un facteur intéressant concernant les rémunérations. En effet, le salaire de ceux qui ont changé d’emploi en 2021 a augmenté de 5.3%, alors que ceux qui sont restés dans leur poste ont vu leur rémunération progresser que de 4.1%. Le gouvernement américain estime que ces mouvements sur le marché du travail sont positifs et les qualifie de « grand sur-classement », à savoir que les salariés les moins bien payés dans le pays ont accès désormais à des postes mieux rémunérés. Mais cette tendance a également comme conséquence une pénurie de main d’œuvre, un accroissement des goulets d’étranglement et, surtout, une forte poussée des bas salaires dans un contexte d’accélération de l’inflation. Les autorités financières redoutent désormais une inflation salariale générale qui devrait se traduire par une hausse des taux d’intérêt plus rapide que prévu.

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