Hausse des risques sur les économies émergentes

31 octobre 2022
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Le durcissement de la politique monétaire américaine ces derniers mois, et donc la hausse des taux d’intérêt, a eu comme conséquence de générer des flux de capitaux entre les pays émergents et les Etats-Unis. Ces dernières semaines ces flux de capitaux ont été colossaux. Le FMI a émis une alerte le 6 octobre dernier, lors de la présentation de ses dernières prévisions mondiales, en particulier sur « les risques grandissants qui pèsent sur la stabilité financière » et notamment sur certains « segments-clés des marchés financiers » et sur la « dette souveraine » des pays émergents. La politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) a contraint les pays émergents dépendants du financement extérieur à relever leurs taux d’intérêt pour freiner l’hémorragie de capitaux vers les Etats-Unis et la chute de leurs devises. La dévaluation des monnaies émergentes provoque une inflation importée et, surtout, rechérit le coût des emprunts qui sont le plus souvent libellés en dollar. Le hausse du coût du service de la dette est énorme et représente désormais 16.5% des revenus des pays d’Afrique subsaharienne, contre 5% en 2010. Cette situation est d’autant plus inquiétante que la croissance des pays émergents est en panne depuis 2020 et que le choc de la hausse des coûts de l’énergie et des produits alimentaires a entrainé une inflation presque hors de contrôle. Ainsi, par exemple, en Egypte, l’inflation sous-jacente (hors prix alimentaires et de l’énergie) a accéléré à 18% sur un an en septembre alors que la devise locale a dévalué de 25% face au dollar depuis le début de l’année et que 20 milliards de capitaux sont sortis du pays. Pour faire face à cette situation, depuis le début de l’année, le FMI a déjà approuvé en urgence 258 milliards de dollars de nouveaux financements dans près de 100 pays. Le risque, comme lors des précédentes crises financières et monétaires, est qu’un pays émergent « important » face défaut et enclenche un effet domino et un effet de panique sur les marchés. Pour l’instant le FMI a réussi à « gérer » la fuite des capitaux des pays émergents, mais le risque d’une crise sur la stabilité financière s’accroît.
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