La BCE sous pression

11 mars 2024
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Selon les données publiées par Eurostat, l’inflation dans la zone euro est ressortie en février à 2.6% sur un an, très loin du pic de 10.6% en octobre 2022. Quatre pays ont même vu une hausse des prix à la consommation inférieure à 2%, comme l’Italie ou la Finlande. L’inflation est-elle désormais jugulée dans la zone euro ? Pas vraiment selon la Banque centrale européenne qui démontre que le tassement de la hausse des prix est dû avant tout au recul des prix de l’énergie (-3.7%) et au ralentissement des prix alimentaires (2.2%), alors que l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) reste bien au-dessus de l’objectif des 2%, à 3.1%. Par ailleurs, les prix des services n’enregistrent qu’un ralentissement marginal à 3.9% (contre 4% en janvier). L’inflation resterait donc plus forte que prévu et la dynamique de la désinflation se tasserait. Cette situation est due, selon la BCE, à la dynamique des salaires qui progressent encore de 5% à la fin 2023. Pourtant, la pression sur la BCE pour abaisser ses taux directeurs se fait de plus en plus forte dans un contexte de stagnation de la croissance en Europe depuis plus d’un an, et d’une récession en Allemagne depuis plusieurs mois. Selon toute vraisemblance, et compte tenu de la nécessité d’une confirmation d’un recul de l’inflation sous-jacente, il n’y aura donc pas de baisse des taux directeurs en mars, ni en avril. Mais, selon le gouverneur de la Banque de France, la BCE doit tracer « le juste chemin entre deux risques : soit baisse trop tôt avec une inflation qui repartirait à la hausse, soit attendre trop et peser exagérément sur l’activité ». Ce n’est en tout cas pas l’avis des « faucons » de la BCE (gouverneur de la Bundesbank entre autres) qui estiment que le risque le plus important est de baisser les taux trop tôt.

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