La BNS continue sa lutte contre l’appréciation du franc contre vents et marées

27 octobre 2020
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Dans le contexte de la crise sanitaire, le franc est de nouveau affecté par le réflexe de valeur refuge avec des entrées de capitaux considérables ce qui a raffermi le franc, en particulier lors du début de la crise du Covid. La Banque nationale suisse (BNS) n’a pas eu d’autre choix que d’intervenir massivement pour lutter contre l’appréciation du franc et a martelé que le taux de change du franc face à l’euro ne passerait pas la barre de 1.05. La BNS, dont les taux sont déjà négatifs a donc vendu 90 milliards de francs au premier semestre pour éviter une poursuite de l’appréciation du franc face aux autres devises. Et ceci semble porter ses fruits, car, au cours des six premiers mois, l’appréciation du franc face à l’euro n’a été que de 1%. Mais, cette politique devient problématique avec les partenaires commerciaux de la Suisse, en particulier les Etats-Unis. En effet, avec un bilan qui s’approche désormais des 1000 milliards de dollars, la BNS est accusée par le Trésor américain de manipuler son taux de change et pourrait subir des sanctions. En particulier, il est reproché à la Suisse d’effectuer une dévaluation compétitive, ce qui est évidemment contesté par la BNS. Cette dernière affirme que son objectif est axé sur la lutte contre la déflation et non pas pour gagner en compétitivité. Pour contrer ces accusations, la BNS va devenir plus « transparente » en publiant chaque trimestre ses opérations d’achat. Il n’en reste pas moins que son portefeuille d’actifs « risqués » en temps de crise a pénalisé le cours de l’action de la BNS qui a perdu plus de 10% depuis le début de l’année. Mais la lutte contre le franc fort n’a pas de prix.

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