La débâcle du Credit Suisse

27 mars 2023
-IAM, News

Daniel Pfund, Senior Financial Analyst

Après 166 années d’existence, le Credit Suisse s’éteint. Dimanche soir, dans une annonce historique, le Conseil fédéral a décidé de « fusionner » les deux plus grandes banques suisses et ceci sans l’accord de leurs propriétaires respectifs (les actionnaires). Le gouvernement a invoqué l’article 184 al. 3 de la Constitution suisse, soit « la sauvegarde des intérêts du pays », qui permet au Conseil fédéral d’adopter des ordonnances et prendre les décisions nécessaires. Evidemment, ni UBS, ni Credit Suisse ne voulaient cette « fusion », qui est tout simplement une tentative de sauvetage du système financier mondial.

Financièrement, UBS rachète le Credit Suisse pour une somme de CHF 3 milliards, ce qui correspond à CHF 0.75 par action. La réaction des investisseurs ne s’est pas fait attendre ce matin, avec le cours du Credit Suisse ouvrant à CHF 0.70 (-62% par rapport au cours de vendredi soir). Mais les actionnaires d’UBS n’étaient pas gagnants pour autant, avec le cours d’UBS chutant de -8% également.

Il va sans dire qu’il n’y a aucun gagnant dans ce sauvetage: les droits fondamentaux des actionnaires sont bafoués, la place financière suisse prend un sérieux dommage réputationnel, les employés risquent tous d’être licenciés et les clients suisses auront moins de choix. Pourtant, pas plus tard qu’il y a deux jours, l’ancien président de la FINMA déclarait que la Comco n’approuverait certainement pas une telle fusion… Assisterons-nous à d’autres entorses légales au nom de la sauvegarde des intérêts du pays.

Loading...