L’Allemagne n’est pas (encore) sortie d’affaire

La croissance outre-Rhin a marqué le pas en 2023 avec un recul de 0.3% du PIB sur l’ensemble de l’année. Pire, avec une croissance économique de 0.7% seulement depuis 2019, contre 4% pour l’Union européenne, un décrochage général est redouté. Alors que dans les années 2010, l’Allemagne a été le fer de lance de l’industrie européenne, depuis plus de 4 ans, le secteur industriel allemand subit des contreperformances. Les marchés ne se sont pas trompés et, depuis février 2022, les titres de Bayer ont reculé de 34%, Siemens 34%, VW 25% et BASF 23%. Le premier problème vient du retard de « l’électrification » de l’industrie automobile par rapport à ses concurrents mondiaux à la fin des années 2010. En dépit de milliards d’investissements, le virage n’a pas été pris à temps et les nouveaux modèles ont tardé à venir sur le marché, occasionnant une baisse des ventes, non seulement en Europe, mais dans le monde. Ensuite, la guerre en Ukraine et l’explosion des coûts de l’énergie ont provoqué, et continuent de provoquer, une forte contraction de l’activité, notamment dans les secteurs très intensifs en énergie, comme la chimie ou la sidérurgie, avec des niveaux de production inférieurs de 20% par rapport à 2021. Un repli de la consommation des ménages s’est rajouté à la morosité ambiante en raison de la forte accélération de l’inflation en 2022 et 2023 (prix alimentaires : + 30%). Et comme si tout cela ne suffisait pas, le gouvernement a été obligé par la Cour Constitutionnelle de revoir à la baisse ses dépenses et de réduire le déficit public, pénalisant davantage la demande intérieure en 2023. Pour 2024, la situation devrait quelque peu s’améliorer grâce au net recul de l’inflation donnant plus de pouvoir d’achat aux ménages. Par ailleurs, le repli des prix de l’énergie devrait profiter aux secteurs industriels. Pour autant, le PIB ne devrait progresser que de 0.3%, ce qui placerait encore l’Allemagne en lanterne rouge de l’Europe.