12 décembre 2022 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Suite au référendum du 23 juin 2016, à la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) au 31 janvier 2020 et à la période de transition pour le commerce extérieur qui s’est terminée le 31 janvier 2021, les premières études montrent, deux ans plus tard, que le Brexit coûte très cher au Royaume-Uni. Selon le « Centre for European Reform », déjà à la fin 2021, le PIB était inférieur de 5.2% par rapport au scénario hors Brexit. Cette croissance moins importante est due à plusieurs facteurs. D’abord, il apparaît que la productivité aurait baissé entre 2% et 5% entre 2016 et 2019, car les entreprises auraient passé beaucoup de temps et d’argent à réorganiser leurs activités en vue de la sortie de l’UE au lieu de les consacrer à leurs activités « normales ». Par ailleurs, la mise en place des barrières douanières et non douanières avec le premier fournisseur des îles britanniques a provoqué une nette hausse des coûts des importations qui se sont répercutés sur les prix à la consommation, en particulier dans le secteur alimentaire avec une hausse de 6% des prix due uniquement au Brexit. Par ailleurs, le départ du pays en 2020 de près de 100’000 travailleurs communautaires a provoqué une pénurie de main d’œuvre, source d’une flambée des salaires et surtout pèse sur la croissance potentielle du pays. Enfin, et c’est sans doute l’impact le plus négatif, la mise en place de l’Accord de coopération commerciale (ACC) qui introduit des quotas, de nouvelles règles sanitaires, etc. pour les importations et les exportations provoque un recul des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE. Selon l’INSEE, la contraction des exportations en valeur atteindrait même -14.3% entre 2018 et 2021. Et ce recul n’est pas dû aux conséquences de la crise sanitaire, car les exportations britanniques vers l’UE ont encore reculé en 2021 alors qu’on observait un net rebond dans les échanges de bien intra-européens. Une tendance similaire est observée dans le secteur des services (notamment financiers) suite à la relocalisation d’une partie de ces activités dans l’UE. Dans le sens inverse, les importations britanniques de l’UE auraient reculé de 25% pour la seule année 2021 suite à l’introduction de l’ACC. Cette contraction serait également due à la dévaluation de la livre sterling face à l’euro qui a renchérit les importations en provenance de l’UE. Le nouveau gouvernement britannique a donc tout intérêt à renégocier l’ACC pour limiter la casse économique du Brexit.