08 octobre 2018 -IAM, News
Jean-Louis Richard, Senior Financial Analyst
Les taux d’intérêt, plus précisément leurs niveaux très bas, voire négatifs en Suisse, sont l’un des mystères de ce cycle économique. Donnés à la hausse et en route vers leur normalisation en début d’année, ils ont fait une rechute tout au long du premier semestre. Le rendement des obligations à 10 ans de la Confédération n’est redevenu tout juste positif que vers la mi-septembre.
La situation est plus claire outre-Atlantique: la semaine passée, la Fed a relevé ses taux directeurs pour la huitième fois depuis 2015. Le loyer de l’argent à court terme est désormais de 2.25% aux États-Unis et devrait atteindre 2.5% en fin d’année. Ce n’est pas encore très élevé, mais emprunter coûte à nouveau quelque chose; en bref, les États-Unis ont quitté l’environnement de crise pour renouer avec une situation normale. Cela devrait continuer, puisque fin 2019, une fourchette entre 3.0% et 3.5% est envisagée selon la Fed. À ce rythme, la fin de cycle ne devrait plus être très éloignée.
Les États-Unis sont en avance de 4 ans sur l’Europe en matière de cycle économique. La raison en est la réaction prompte et décisive de leur politique économique face à la crise il y a 10 ans. Au contraire, l’Europe avait opté pour l’austérité sous l’influence d’Angela Merkel et pour l’orthodoxie monétaire sous la férule de Jean-Claude Trichet. En 2012, la Banque centrale européenne, désormais dirigée par Mario Draghi, a finalement fait volte-face en assainissant le secteur bancaire et en soutenant vigoureusement la croissance. L’Europe ira-t-elle au bout de son cycle? Ou sera-t-elle entraînée par le coup de sifflet de fin de partie qui retentira outre-Atlantique lorsque les taux finiront par trop peser sur l’économie? La seconde issue paraît plus probable.