16 septembre 2024 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Depuis plusieurs mois, l’indépendance des banques centrales est sous le feu des critiques virulentes des politiciens dans le monde. Ces attaques contre l’indépendance des politiques monétaires a même poussé le Fonds monétaire international à intervenir en mars dernier pour souligner que « l’indépendance est essentielle pour remporter le combat de l’inflation et assurer une croissance de long terme stable ». La Maison Blanche a également publié en mai dernier une note pour protéger la Fed des attaques : « La crédibilité d’une banque centrale est renforcée par son indépendance, et cette crédibilité est l’une des clés qui permettent de maintenir les attentes d’inflation ancrées à un niveau stable ». Il est vrai que l’accélération de l’inflation à la fin 2021 a contraint les banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires, au risque de poser de sérieux problèmes aux gouvernements très endettés. Ainsi, aux Etats-Unis, le candidat Trump a-t-il publié en avril dernier un document prévoyant de réformer la Fed et de la contraindre à faire valider ses décisions monétaires par le gouvernement. Au Royaume-Uni, une partie des conservateurs accuse la Banque d’Angleterre d’avoir créé la panique financière de septembre 2022. L’ex Première ministre éphémère Liz Truss a déclaré que « le niveau des taux d’intérêt est une décision politique et devrait être aux mains des politiciens ». Au Brésil, le gouverneur est la victime d’attaques virulentes du Président Lula qui l’accuse de maintenir des taux directeurs trop élevés (10.5%) et que son « travail fait plus de mal que de bien au pays ». La BCE est également l’objet de critiques, et notamment de la part du président français qui estime que son mandat concernant l’inflation était « caduc » et qu’il fallait y ajouter un mandat « d’objectif de croissance et de décarbonisation » … comme si la BCE avait la charge de la politique climatique de la zone euro. Ces critiques à l’encontre de l’indépendance des banques centrales sont à prendre au sérieux, notamment dans cette période d’instabilité politique des deux côtés de l’Atlantique. En effet, des institutions monétaires pilotées par les politiques et des gouvernements qui ne débouchent que sur des mesures dont l’objectif est de maintenir au pouvoir des politiciens démagogues et populistes dont la devise est « demain on rase gratis ».