17 juin 2024 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Alors que les autorités italiennes se sont félicitées du rythme de croissance observé dans la Péninsule depuis le début de l’année et du redémarrage de l’activité industrielle, ces mêmes autorités omettent de mentionner qu’au 1er trimestre de cette année, le niveau du PIB est enfin revenu à son niveau de … 2007. La crise économique et financière de 2008 et, plus tard, la crise de l’euro ont eu des effets dévastateurs sur l’économie italienne qui ne s’en relève que très lentement. Plusieurs données sont édifiantes à cet égard. Ainsi, selon ISTAT, sur les 15 dernières années, l’écart de croissance avec l’Espagne est de plus de 10 points de PIB, de 14 avec la France et de 17 avec l’Allemagne. Par rapport à 2000 (donc près de 25 ans), l’écart est désormais de 20 points environ avec l’Allemagne et la France et de plus de 30 points avec l’Espagne. Par ailleurs, au cours des 25 dernières années, la production industrielle s’est effondrée de 20% et la productivité horaire n’a progressé que de 1.3%. Cette dernière, durant la même période, a pourtant progressé de 20% en Allemagne et en Espagne et de 15% en France. Au cours des deux années qui précédent la crise du Covid (2018-2019), la production industrielle s’est effondrée, en particulier dans le secteur de l’automobile (-23%). Ces données soulignent les difficultés structurelles de la Péninsule. A cela se rajoute une dérive des comptes publics dont le déficit devrait atteindre 7.4% du PIB cette année, le plus élevé de la zone euro. Qui plus est, la dette publique atteindrait un nouveau record à 140% du PIB, juste derrière la Grèce. Le relèvement des prévisions économiques pour cette année et 2025 est dû à un effet de rattrapage et l’Italie, qui se trouve désormais dans le groupe de relégation, pourrait être dépassée par l’Espagne au cours des prochaines années si le gouvernement ne s’attaque pas enfin aux problèmes structurels. Le gouvernement Meloni n’a donc aucune raison de pavoiser.