Reprise en main de l’économie en Chine

05 octobre 2021
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

En Chine, la lutte contre les monopoles et la reprise en main par l’Etat-Parti des grandes entreprises se poursuivent. En effet, après les quatre décennies de la politique de Deng Xiaoping de « s’enrichir d’abord », un virage à 180 degrés a été pris par le Président Xi Jinping sous le slogan de « prospérité commune ». Ce n’est pas uniquement le secteur des nouvelles technologies qui est concerné, mais également les secteurs de l’immobilier, santé, etc.

Par ailleurs, de nouveaux « règlements » sont publiés interdisant les jeux en ligne pour les enfants, réprimant la culture des fan-clubs, etc. L’objectif commun de toutes ces mesures est une « prospérité commune » matérielle et spirituelle. Si les moyens pour y parvenir peuvent sembler discutables, il n’en reste pas moins que la Chine est l’un des pays les plus inégalitaires du monde. En effet, les 1% les plus riches détiennent près de 31% de la richesse du pays et 225 millions de personnes vivent avec moins de 5.50 dollars par jour.

De plus, le vieillissement accéléré de la population nécessite un transfert du pouvoir d’achat vers les classes moyennes pour soutenir la consommation à moyen terme. Pour arriver à leurs fins, les autorités chinoises n’ont pas choisi les mêmes outils que les pays industriels, à savoir les leviers fiscaux, budgétaires, la politique sociale ou les retraites. En effet, pour l’instant seules les entreprises privées et les personnes les plus riches sont la cible du « partage des richesses ». Néanmoins, dans plusieurs secteurs, l’application de ces mesures n’est pas inutile compte tenu des situations de monopole et d’absence totale de concurrence. En particulier dans le secteur financier, les nouvelles règles devraient permettre une meilleure maîtrise des crédits, comme dans le cas d’AliPay, pour éviter les excès d’endettement de ces dernières années. Reste que dans le cas d’Evergrande, ces mesures semblent tardives. En effet, avec un passif dépassant 300 milliards de dollars et une dette de plus de 90 milliards, cet acteur majeur du secteur de l’immobilier pourrait être déclaré en faillite dans les prochaines semaines et déclencher un effet domino sur l’ensemble du secteur financier. Or, c’est évidemment ce que veulent éviter à tout prix les autorités chinoises qui n’ont d’autre choix qu’une mise au pas de ces entreprises et de leurs dirigeants.

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