Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?

10 octobre 2022
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Le nouveau gouvernement britannique vient d’effectuer le 3 octobre un virage à 180 degrés sur sa politique fiscale, au risque de perdre toute crédibilité, quelques semaines seulement après avoir été investi. En effet, après avoir présenté le 23 septembre son plan fiscal (mini-budget), le chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwarteng et la première ministre britannique Liz Truss ont déclenché une onde de choc sans précédent depuis les années 80 sur les marchés financiers et se sont ridiculisés par leur amateurisme et leur incompétence en matière de politique économique et financière. Que s’est-il passé ces derniers jours ? D’abord, avec comme objectif de faire accélérer la croissance économique, le gouvernement s’est engagé à baisser les impôts, surtout pour les ménages les plus aisés avec la suppression du taux d’imposition à 45%, sans pour autant augmenter les recettes fiscales. Du côté des dépenses, le gel des factures d’électricité et de gaz pour les ménages devrait générer des milliards de livres de dépenses supplémentaires pour l’Etat. Au total, les deux mesures (baisse des recettes et augmentation des dépenses) conduiraient le pays à accroître son endettement de manière incontrôlée. Or, la croissance économique étant au plus bas en raison de l’inflation et du choc des prix de l’énergie, les marchés ont estimé qu’il y a un risque accru sur la dette du Royaume-Uni. Conséquences de ces plans gouvernementaux: une dévaluation sans précédent de la livre sterling, aggravant encore l’impact de l’inflation importée, et une forte hausse des taux d’intérêt impactant des millions d’emprunteurs, en particulier les ménages avec leurs crédits immobiliers. La Banque d’Angleterre a dû intervenir sur les marchés en rachetant en urgence des obligations souveraines pour tenter de restaurer une certaine « confiance ». Or, c’est une action totalement à rebours de la lutte contre l’inflation que la Banque centrale mène depuis plusieurs mois. Suite à cette « crise » monétaire, la Banque d’Angleterre pourrait même être contrainte d’accélérer encore son resserrement monétaire et provoquer une crise immobilière et/ou une récession plus grave que prévu. Pire encore pour le gouvernement britannique, le FMI a rappelé au Royaume-Uni qu’en période de crise mondiale (choc énergétique, guerre en Ukraine) les règles basiques financières et budgétaires devaient être respectées par les pays du G7 pour éviter tout effet domino dans le monde.

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