Chaos

Depuis le 4 février (mise en place des taxes douanières américaines de 10% pour les produits chinois), pas un jour ne se passe sans une annonce de hausse de tarifs douaniers, de contre-mesures, de suspension de mesures, etc. avec comme résultat une tempête sur les marchés boursiers et les perspectives d’une récession économique mondiale. Pire, le marché de la dette américaine (29’000 milliards de dollars) risque l’implosion. La suspension pour 90 jours des taxes « réciproques » annoncée par l’administration américaine lors du « jour de la libération » n’est pas une suspension des taxes douanières. Loin de là. D’abord les taxes de 25% sur les automobiles, l’acier et l’aluminium restent en place. Ensuite, pour les autres produits, la taxe de 10% reste quatre fois plus élevée qu’avant le 4 février. Et surtout, l’escalade tarifaire entre les deux plus grandes puissances mondiales, avec désormais des taxes respectives de 145% et de 125%, plonge l’Asie du Sud-Est et le reste du monde dans l’inconnu. Parallèlement aux taxes, des restrictions sur les exportations chinoises de plusieurs matières premières vont créer des ruptures d’approvisionnement aux Etats-Unis. Des deux côtés du Pacifique, la croissance va sérieusement ralentir, mais son ampleur reste inconnue tant que cette guerre commerciale se poursuit. Plus inquiétant, alors que les cours boursiers ont plongé, les taux souverains américains n’ont pas reculé (comme ils auraient dû le faire), mais, au contraire, ceux-ci ont augmenté. En trois jours, du 6 au 9 avril, le taux 10 ans est passé de 3.95% à 4.5% et le taux à 30 ans à 4.8%, une première depuis le 7 janvier 1982, qui avait débouché sur la pire récession économique aux Etats-Unis depuis celle des années 1930.  La nouvelle administration américaine a donc créé en moins de trois mois un chaos général dans le monde et risque un gigantesque autogoal : une récession aux Etats-Unis et dans le monde.