Flambée des taux obligataires

23 juin 2025
-IAM, News

Hugues Chevalier, Economist

Avec la hausse déraisonnée des déficits budgétaires dans le pays de l’OCDE et, par conséquent, des dettes publiques, les investisseurs demandent désormais des taux d’intérêt plus élevés pour « payer » leurs efforts et les risques accrus qu’ils encourent à financer de la dette publique, y compris aux Etats-Unis. En 2024, les 38 pays de l’OCDE ont émis 15’700 milliards de dollars de dette publique, ce qui est un record. L’accroissement hors contrôle de la dette publique remonte à la crise financière de 2008 et s’est accentué avec la crise du Covid. Ainsi, selon les prévisions, au rythme actuel, la dette des Etats-Unis devrait augmenter de 2’400 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Dans trois ans, celle-ci devrait dépasser le record à la fin de la deuxième guerre mondiale. Au Japon, la dette publique atteint 237% du PIB et, en France, cette dernière atteint désormais 116% du PIB. Le Royaume-Uni, l’Italie, etc. sont dans une situation similaire avec des trajectoires insoutenables pour les finances publiques. Lors de deux récentes émissions par le Japon et les Etats-Unis, les investisseurs se sont montrés « prudents » et les taux d’intérêt à long terme se sont encore tendus. Ainsi, aux Etats-Unis, les rendements obligataires à 10 ans ont atteint près de 4.4% début juin, leur plus haut depuis plus de 10 ans. En France, ceux-ci sont désormais trois fois plus élevés qu’il y a dix ans, à 3.2%, en Allemagne ils sont cinq fois plus élevés, à 2.5%. Au Japon, c’est pire, car ils sont passés de 0% à 3%. Pire encore, l’envolée des taux est plus forte sur les durées plus longues (30 ans, etc.). Selon Goldman Sachs, « La question n’est pas de savoir s’il y a trop de dette, mais quel est le prix que les marchés sont prêts à accepter pour l’acheter ». Un autre facteur qui contribue à l’envolée des taux est que les banques centrales, qui avaient acheté beaucoup de dette publique à la suite de la crise de 2008, vendent désormais celle-ci dans un contexte de « normalisation » de leur politique monétaire. Les conséquences de la hausse des taux pour les finances publiques sont colossales. En effet, dans les pays de l’OCDE, la charge de la dette est passée de 2.7% du PIB en 2015 à 3.3% en 2024 et cette tendance devrait se poursuivre. Le paiement des intérêts est ainsi devenu le premier poste des dépenses publiques dans plusieurs pays, au détriment d’autres postes, comme l’éducation. La trajectoire incontrôlée des déficits et de la dette publique devrait déboucher sur un krach obligataire selon JP Morgan. Avant d’en arriver là, les Etats devraient donc prendre leur responsabilité et freiner rapidement leurs déficits publics, en particulier les Etats-Unis.

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