Le mirage italien

Selon les informations relayées par certains médias (groupe Bolloré par exemple), l’Italie serait devenue un modèle économique pour les autres pays d’Europe, en particulier la France, et Giorgia Meloni serait la « nouvelle grande d’Europe ». Certes, sur les marchés financiers, le 18 septembre dernier, l’écart de taux entre les dettes souveraines de la France et de l’Italie est tombé à zéro, suggérant une trajectoire améliorée des finances publiques de la péninsule. Si, sur le plan du déficit, c’est vrai (3.2% du PIB pour l’Italie, contre 5.8% pour la France), par contre c’est inexact par rapport à la dette publique (136.7% du PIB !). Et encore, le déficit public est resté contenu grâce aux 194 milliards d’euros de fonds européens dans le cadre du plan de relance post-Covid. La France et l’Allemagne n’ont pas bénéficié de montants aussi importants. En résumé, sans ces fonds européens, le déficit de la péninsule serait beaucoup plus important. Par ailleurs, sur le plan économique, depuis des semaines, on nous répète que la péninsule performe mieux que la France et l’Allemagne. Les données du PIB reflètent effectivement une meilleure performance de l’Italie (+0.5% attendu cette année) face à l’Allemagne (0.3% attendu), mais pas face à la France (0.8% attendu). Et ces chiffres ne mentionnent pas, là encore, que l’économie italienne est dopée par les aides européennes. Malgré ces aides massives, la production industrielle stagne, voire recule. Sur le plan de la productivité du travail, l’Italie est loin derrière la France (plus de 13 points d’écart) et l’Allemagne. En outre, selon l’OCDE, les salaires réels italiens ont reculé de 8.7% depuis 2008. Conséquence, selon l’OIT, la pauvreté ne recule pas et plus de 8 millions de ménages sont en situation de pauvreté absolue. Après trois ans de gouvernement Meloni, on ne voit donc aucune amélioration des indicateurs clés économiques. Et « l’amélioration » des finances publiques, qui n’est que provisoire, est due aux subventions européennes.