01 décembre 2025 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Les craintes d’une bulle financière liée au secteur de l’intelligence artificielle (IA) se font de plus en plus insistantes. Ces risques ont fait dévisser les marchés ces derniers jours. Cette crainte est désormais le principal risque identifié par les gestionnaires financiers, devant l’inflation et une récession. Un éclatement de cette bulle pourrait avoir des conséquences dramatiques, y compris une récession dans les pays de l’OCDE, comme ce fut le cas lors de l’éclatement de la précédente « bulle internet » au début des années 2000. Plusieurs économistes, comme Carlota Perez (spécialiste des « bulles »), dénoncent une situation typique de surévaluation, marquée par des plus-values très élevées, des profits faibles et une spéculation complètement détachée des réalités économiques. Pour démontrer ces hypothèses, les économistes montrent d’abord que l’indice boursier Nasdaq 100, dominé par les valeurs technologiques, affiche des ratios de valorisation nettement supérieurs à la moyenne historique. Ainsi, par exemple, la société Palantir (secteur de la défense) a vu son cours multiplié par 17 en trois ans et vaut désormais 370 milliards de dollars, soit 243 fois ses bénéfices à venir. Cette valorisation est évidemment intenable à moyen terme. Par ailleurs, les investissements semblent hors de contrôle. Ainsi, Meta a recruté en août 50 chercheurs pour renforcer le développement de ses moteurs d’IA avec des « offres de bienvenue » atteignant 100 millions de dollars ! Ensuite, la phase actuelle est caractérisée par une accumulation de dettes inédites. Enfin, les géants de la tech (Meta, Oracle ou xAi) lèvent actuellement des dizaines de milliards de dollars via des emprunts à taux élevés, sans expliquer comment ces investissements vont être rentabilisés. Evidemment, certains acteurs du secteur, comme Nvidia, contestent l’existence d’une bulle en démontrant que leurs résultats financiers sont exceptionnels et que ce « modèle » est solide financièrement parlant. Pourtant, la Banque centrale européenne a annoncé mettre l’essor de ce secteur d’activité comme facteur de risque pour la stabilité financière. Pour l’instant, la diffusion de l’IA dans l’économie « traditionnelle » est lente et, selon une étude du laboratoire Nanda du MIT, pour 95% des entreprises l’utilisation de l’IA a un retour financier nul. Compte tenu des valorisations extravagantes de ce secteur, il est pertinent de se demander quand la correction des marchés va se produire.